ZAD, NO TAV : regards croisés sur des expériences de lutte

Des récits, des retours d’expériences et des réflexions sur deux luttes
territoriales singulières et emblématiques : la ZAD de Notre-Dame des
Landes et la Vallée de Suza (Italie).

Notre Dame des Landes (Zad) :

Dans le bocage Nantais en 1972 on apprend l’existence d’un grand projet
d’aéroport, 1200 hectares à ratisser, des habitants et des paysans à
déraciner, une mémoire à détruire, et le ravage d’une faune naturelle.
On l’appelle « zone d’aménagement différé » => ZAD .

Rapidement les habitants s’organisent, et portent une très forte
opposition, ils refusent catégoriquement l’hypothèse de l’aéroport,
qualifié de grand projet « inutile et imposé ».

Occupation, blocage, construction d’espaces communs, chicanes, manif de
réoccupation, recours juridique, maraîchage, boulangerie, radio pirate,
bibliothèque, conférences, journaux, assemblées, batailles, entraînements,
fest-noz, banquets…
Ce qui s’est construit au travers de cette lutte, par-delà la défense du
territoire, c’est les moyens de se reposer ensemble la question
existentielle de comment vivre.
Aujourd’hui il n’y a toujours pas d’aéroport, après plus de 50 ans, la
lutte de Notre Dame des Landes a changé d’époque, a multiplié ses
partisans, a déplacé et prolongé ses motifs, a réinventé ses stratégies
et a propagé ses techniques de lutte.
Forte de sa composition audacieuse, elle a cristallisé la contestation
pour devenir, peu à peu, le symbole d’une résistance, d’une force qui ne
renonce pas et qui n’a de cesse de résonner en nous et au-delà.

Plus info sur: http://zad.nadir.org/spip.php?article86&lang=fr

La Vallée de Suza (No Tav):

Dans cette vallée, les lobbies Européens de l’économie à grande vitesse
ont décidé de détruire la vie et l’environnement de ceux et celles qui
y habitent, en imposant une ligne TGV pour le transport de marchandises
entre Lyon et Turin.
Un projet inutil, nocif pour le territoire et ses habitants, et de
surcroît un projet très coûteux.
Occupations, achats massifs des terrains où les travaux sont prévus,
assemblées, attaques des chantiers, recours juridique, constructions de
lieux pour se rencontrer, manifestations…constituent la base d’une
résistance populaire qui depuis 20 ans s’oppose au projet et qui en même
temps, construit une réflexion collective sur d’autres manières de vivre.
Depuis la Vallée en passant par Turin les cris de la lutte No Tav ont
résonné partout en Europe, car si le TGV n’y est toujours pas, c’est que
la lutte a porté ses fruits, en liant la population locale avec des gens
de toute l’Italie et même bien au-delà.

L’Invitation :

En présence d’habitants et/ou de personnes actives dans ces luttes il
s’agira de :
– partager les expériences et les récits qui font la matière de ces deux
luttes singulières
– interroger et comprendre ensemble ce qui s’y est joué et ce qu’elles
essaiment encore aujourd’hui
– voir ce qu’elles pourraient nous suggérer ici, maintenant
– essayer de comprendre comment les forces de composition, l’association
bienheureuse de partisans très différents a permis à ces deux luttes de
prospérer? Comment ne pas se laisser diviser? Comment se poser la question
de la victoire ?
…etc…